Terribles images qui nous parviennent d’Afghanistan depuis des jours. Répression dans les villages conquis par les Talibans (https://bit.ly/2W2CWrg). Femmes effacées de l’espace public (Photo AFP Wakil Kohsar) ou menacées pour leurs engagements (https://bit.ly/3CVMg0R). Civils qui se ruent sur l’aéroport de Kaboul et s’agrippent aux avions (https://bit.ly/3iUCC6Q) (…)
À qui la faute ? Aux autorités politiques afghanes qui ont été les premières à déserter ? À l’armée régulière afghane, incapable de se battre et de résister malgré les milliards de dollar d’appui et de formation depuis 2001 ? A la corruption locale généralisée, dévoilée largement dans les Afghanistan Papers en 2019 (https://bit.ly/3CVWkqP) ? Aux Etats-Unis, qui ont signé le 29 février 2020 (sous l’administration Trump) un accord direct avec les Talibans, à Doha, que nombre de commentateurs découvrent visiblement aujourd’hui (https://bit.ly/3zaXhsM) ? Au Qatar, qui hébergeait le co-fondateur des Talibans ainsi que son bureau politique (https://bit.ly/2W3x8hc) ? (…) l’Histoire jugera.
Je pense à tous nos soldats, qui ont été engagés de 2001 à 2014 en Afghanistan. Je pense aux familles des 90 militaires morts pour la France dans ce conflit et vous invite à lire l’intervention pleine de justesse d’Antoine Daoust, vétéran de l’intervention française en Afghanistan, qui a perdu dix de ses camarades à Uzbin (https://bit.ly/3k7VRZN).
Le Président de la République a rappelé que la France entendait jouer pleinement son rôle dans la crise actuelle. L’urgence est de mettre en sécurité nos compatriotes, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France. De nombreux Afghans (défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants) sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement. Plusieurs centaines d’entre eux qui ont travaillé pour la France ou qui sont menacés viennent d’ailleurs d’être évacués de Kaboul (https://bit.ly/37V4GAI et https://bit.ly/3mwVA5R). L’ambassadeur de France, David Martinon, fait un remarquable travail depuis l’aéroport (https://bit.ly/3ggyL27 et https://bit.ly/3gBFNin) et nous pouvons remercier les policiers et militaires engagés pour assurer la sécurité des opérations (https://bit.ly/3srhfgF).
Au-delà de l’urgence à court terme, je partage avec vous quelques convictions personnelles pour l’avenir.
D’abord, aux adeptes de l’interventionnisme, rappelons que la démocratie émane avant tout du peuple souverain : elle ne s’impose pas de l’extérieur avec des partenaires financiers ou des ONG, mais se construit et se défend de l’intérieur, par une majorité de citoyens prêts à se battre pour elle.
Ensuite, aux spécialistes de l’indignation sélective, appelons à la cohérence dans la défense de nos valeurs : on ne peut s’indigner de voir les droits des femmes bafoués en Afghanistan, et en même temps tolérer des pratiques et coutumes rétrogrades que peuvent imposer des islamistes à des femmes en France. Quand on défend l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, on défend cette noble cause partout, quelle que soit la couleur du passeport de celles que l’on défend.
Enfin, aux stratèges qui planifient les opérations à venir, souhaitons qu’ils aient une meilleure connaissance des terrains d’intervention. Sur ces enjeux de sécurité mondiale et de lutte contre le terrorisme, le rôle de la France n’est pas de se substituer aux États dans lesquels nos forces sont présentes. Travaillons à ce que les futures transformations de notre présence sur d’autres théâtres d’opération soient des réussites. Loin du fiasco du conflit Afghan.