Omicron: prendre les meilleures décisions (ou les moins mauvaises) avec les informations disponibles à l’instant T

Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous légiférons à nouveau pour faire face à la situation sanitaire. L’épidémie de COVID-19 est meurtrière. Elle a déjà provoqué 5,4 millions de morts à travers le monde dont 123.000 en France. Elle laisse aussi des dizaines de milliers de personnes rétablies, mais qui gardent des séquelles.

Face à cette épidémie, nous avons une formidable chance : la vaccination. Elle s’est montrée efficace pour réduire de 90% les formes graves (source : étude EPI-PHARE). Elle s’est révélée utile pour diviser par 12 le risque de transmission (source : étude Institut Pasteur). Elle a démontré son efficacité pour réduire de 90% le risque d’hospitalisation avec le variant Delta (source : étude HAS). Elle s’est déroulée en sécurité, puisque sur 111 millions de doses injectées en France, seules 0,11% ont donné lieu à des effets indésirables, pour la grande majorité sans gravité (source : étude ANSM)

Le pass sanitaire a fait ses preuves, puisqu’il a grandement accéléré la campagne de vaccination et qu’il a permis d’éviter le confinement. Grâce au civisme de 53 millions de Français qui ont fait le choix de la vaccination, nous avons surmonté les vagues successives en 2021.

À présent, un nouveau variant, Omicron, déferle sur le monde. Nous ne savons pas tout de ce variant et je me garderais bien d’afficher des certitudes absolues. Les premières données semblent indiquer à la fois une plus grande transmissibilité, mais aussi une moins grande sévérité. Si nous faisons face à un variant moins sévère mais beaucoup plus transmissible, l’impact se fera tout de même ressentir sur le système de soins : c’est ce qui se passe d’ailleurs au Royaume-Uni, où les hospitalisations augmentent de près de 50% en une semaine. L’OMS alerte donc sur un risque d’effondrement du système de soins à l’échelle mondiale (source : OMS). L’incertitude étant encore forte, l’Institut Pasteur vient de publier une étude d’impact de ce variant, en fonction de différents scénarios de transmissibilité et de sévérité (source: Institut Pasteur).

Aujourd’hui encore, la vaccination est notre meilleur atout, avec le respect des gestes barrières. Les premières études sur les cas Omicron confirment qu’avec un rappel, la vaccination offrirait une protection de 80-85% contre les formes graves (source : étude Imperial College). La longévité de cette protection est encore source de débat chez les scientifiques (source : UK Health).

Au-delà des études, ce que nous observons aujourd’hui dans les services de réanimation du pays confirme l’efficacité de la vaccination : à Grenoble, sur 8 personnes hospitalisées en réanimation, 7 ne sont pas vaccinées (source : France Info). À Bordeaux, sur 7 personnes en réanimation, 6 ne sont pas vaccinées (source : France 3). À l’Hôpital Nord de Marseille, sur 10 personnes en réanimation, 9 ne sont pas vaccinées (source : JDD). À Toulouse, aucun des 34 patients en réanimation n’est vacciné (source : France Bleu).

Une fois cette situation sanitaire décrite, les responsables politiques de tous les pays doivent prendre leurs responsabilités et choisir les meilleures décisions (ou les moins mauvaises) avec les informations disponibles à l’instant T.

En France, le gouvernement fait le choix de renforcer les outils de gestion de la crise tout en préservant la liberté, c’est-à-dire en continuant d’éviter le confinement. C’est, je crois, la meilleure stratégie possible. Avec son projet de loi, le gouvernement propose de rendre nécessaire, à compter du 15 janvier, le fait de présenter un justificatif vaccinal pour accéder aux activités de loisirs, restaurants, débits de boisson, foires, séminaires, salons professionnels et transports interrégionaux. Ce projet de loi renforce également les sanctions en cas de fraude.

Après avis favorable du comité de scientifiques, c’est à présent aux députés de se prononcer. Ce 29 décembre, la commission des lois a adopté le texte en y intégrant des modifications : jauge relative dans les stades et salles de spectacles (au prorata de la capacité d’accueil), exclusion des sorties scolaires du champ des loisirs soumis à la présentation d’un pass vaccinal, ou encore possibilité donnée aux organisateurs d’un meeting politique de demander un pass sanitaire. Le texte sera encore modifié et clarifié dans les jours qui viennent, que ce soit en hémicycle lundi 3 janvier ou encore au Sénat. Puis le Conseil Constitutionnel sera probablement saisi pour assurer le plein respect de notre Constitution.

C’est le 12ème texte sanitaire que le parlement est amené à étudier et contrôler. Comme pour les autres lois, l’examen se fera dans le plein respect de nos textes fondateurs et de nos valeurs. J’attache une attention toute particulière à la première de nos valeurs, la liberté. Je considère personnellement que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. J’estime également que la mesure la plus contraignante vis-à-vis de nos libertés est le confinement, et qu’il faut faire le maximum pour l’éviter.

Tous les pays ne font pas les mêmes choix. Les Pays-Bas reviennent au confinement. La Belgique, le Portugal, le Danemark et la Finlande reviennent à la fermeture des bars et restaurants. La Norvège limite les rassemblements privés. La Roumanie et la Pologne adoptent un couvre-feu. Un peu plus d’une dizaine de pays européens mettent en place un pass vaccinal (source: LCI). La Suède a tranché pour le pass vaccinal au 1er décembre pour les rassemblements en intérieur de plus de 100 personnes. Le pass vaccinal est également en vigueur à Malte, en Autriche, en Lettonie, en Allemagne, en République Tchèque, en Estonie, en Lettonie, en Grèce ou encore en Irlande. À titre personnel, je pense que le pass vaccinal est la meilleure (ou la moins mauvaise) décision à prendre.

Nous pouvons constater ensemble qu’il n’existe aucun « paradis » sur terre où l’épidémie a totalement disparu et où les autorités sanitaires n’ont plus à prendre aucune mesure de contrôle. Non, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Je dirais même que les choix que nous avons fait en France ont rendu la vie des Français plus simple que chez nos voisins ou dans d’autres pays du monde. Vaccin gratuit et accessible à tous ; pass sanitaire ayant considérablement augmenté le taux de vaccination et évité le confinement ; tests largement accessibles partout sur le territoire ; choix de ne pas fermer l’école ; soutien à l’économie permettant d’éviter les faillites (…). Les résultats sont là : la croissance n’a jamais été aussi forte depuis 50 ans et le chômage n’a jamais été aussi faible depuis 13 ans.

La crise sanitaire n’est plaisante pour personne et tout comme vous, je souhaite que nous en sortions le plus rapidement possible. Grâce à la science, nous pouvons espérer de nouvelles pistes, complémentaires à la vaccination, pour sauver des vies (source : France Info). Grâce à la science, notre meilleure chance reste la vaccination, partout dans le monde. C’est d’ailleurs pour cela que la France est le troisième contributeur de la planète en termes de dons de vaccins pour les pays pauvres.

Dans cette pandémie inédite qui traverse le monde entier, je suis bien conscient de tous les efforts des Français depuis 2 ans. Dans l’épreuve, les Français ont été animés d’un remarquable sens de la solidarité. C’est cet état d’esprit qui nous permettra de traverser les épreuves à venir.